Femme assise, 1911
Crayon et détrempe sur papier
Sur ce papier couleur jaune foncé, la ligne de crayon brun est le plus souvent continue alternant courbes et brisures, comme au coude ou au décolleté. Pas de reprise mais une sûreté du geste. Cette ligne vient contraster avec la couleur à la détrempe, rouge de la robe, brune de la tignasse (on dirait même un bonnet) et des bas, et enfin blanche qui enveloppe le modèle. Ces couleurs semblent jetées avec négligence. Mais le geste convulsif qu’on y perçoit crée un remous, lequel peut confusément être ressenti comme l’émoi du désir… De légères traces rouges contribuent à créer un modelé, une chair.
On ne voit pas le visage du modèle qui est représenté de trois-quarts dos, ce qui peut surprendre. Mais à partir de 1914, Schiele a pris l’habitude de dessiner ses modèles ainsi, de dos : cette perspective ouvre un nouveau champ de représentations graphiques. L’année 1911, celle de la naissance de cette œuvre, marque un tournant dans le style de Schiele qui paraît préférer un effet d’ensemble, où la peinture joue un grand rôle, au seul travail graphique. En fait, ce jeu entre la ligne heurtée et les masses de couleurs vives nous fait penser à Toulouse-Lautrec. Œuvre minimaliste, cette Femme assise, montre bien la maîtrise et l’intuition de l’artiste. Aller à l’essentiel, comme dans une caricature, non pour charger le modèle mais pour en dire la minceur fragile, traversée par le désir (de l’artiste ? De cette femme ?).