3/8/20
Le fractionnement…
De la côte en îles.
De la falaise en roches.
Des roches en caillasse.
De caillasse en gravier
qui vient taquiner son pied.
5/8/20
Le pourpre frais des hortensias au bord de la route. Dans le silence de la commune endormie, frotter sa main sur la pierre rugueuse du calvaire. Et respirer l’air bleu qui vient du large.
7/8/20
La mer se retire sur d’immenses surfaces, ainsi découvertes, offertes aux ardeurs du soleil et d’où montent d’enivrantes odeurs d’algues et de liberté.
9/8/20
Émeraude et hirsute, la chevelure du végétal sur les ossements des ruines… Les œuvres humaines périclitent, mais jamais les insolents renouveaux de la nature ne cessent.
11/8/20
Les touristes sont de passage... Ils peuvent faire des tas de photos, profiter de l'air, de la mer, rapporter des dizaines de souvenirs
Mais certains, en l'ignorant sans doute, ont pu surtout laisser une part d'eux-mêmes entre les ronces, sur un long chemin côtier.
13/8/20
Contemplant le couteau avec lequel il dégage la chair visqueuse du poisson étalé, songeant aux images associées à ses vacances en Bretagne, il joue machinalement avec les mots :
Lame à raie,
La marée,
L’amarrée...
15/8/20
Attablés côte-à-côte à boire leur café, ils étaient en somme heureux. Et pourtant au bord du gouffre, comme tout un chacun. Mais peu importe, ils se vivaient au bord du bleu profond de la mer, et devant l'azur illimité.
17/8/20
Les cris des choucas, des goélands, des tourterelles animent le ciel et se succèdent. Ces cris reposent des incessants bavardages d'homo sapiens. Ils se contentent d'affirmer quelque chose, sans plus. Faim, alerte, excitations diverses... Une expression immédiate qui incitent les logocentrés à ne s'exprimer que si c'est vraiment nécessaire.
Ou bien à se taire.
L'écoute du monde animal rend sage.
19/8/20
Trois niveaux de vacances :
d'abord le moins intéressant, qui consiste, tout en emportant et gardant son petit monde avec soi, à tenter de se délasser en changeant de décor. Ensuite il y a le niveau touristique où l'on s'intéresse un tant soit peu à ce nouvel écosystème que l'on découvre, visite et dont, d'une manière ou d'une autre, on pense s'enrichir.
Enfin, le plus intéressant des niveaux reste celui que l'on a le plus de mal à exprimer, qui n'est ni le bâillement de repos satisfait ni la carte postale, mais une forme d'égarement, une perte de repères, une sensation un peu angoissante de s'être en partie vidé...
On retrouve à ce niveau, le plus profond, le sens étymologique de la "vacance" des vacances.
21/8/20
Mourir satisfait : j’ai fait tout ce que je pouvais/devais faire.
J’ai habité l’Être et le Temps le plus possible. J’ai à ma façon chanté la Vie et la Nature.
23/8/20
"Moins on pense, plus on parle", écrivait Montesquieu.
Chez certain(e)s, le bavardage est même une stratégie pour ne pas penser, parce que la pensée n'est que ruminations chez ces personnes. Ruminations noires, inquiètes... Ou alors elles découvriraient qu'au fond, rien ne les intéresse vraiment. Et puis pour d'autres personnes, la seule façon de penser un minimum, c'est de parler !
25/8/20
Tous ces gens masqués quand même ! Si vous oubliez l'épidémie, vous pouvez croire qu'ils sont tous bâillonnés... C'est effrayant pour une démocratie.
27/8/20
Vraiment satisfait, l’artiste, de ne pas être prisonnier des logiques de pouvoir, avec ce besoin de contrôle, de compétition et de manipulation. Pouvoir sur les proches ou dans le travail, affaires de territoire… « Ce qui me motive, c’est la puissance, pas le pouvoir. Puissance d’être, d’expression. Le pouvoir sur les autres ne m’intéresse pas, je suis trop pris par une éventuelle maîtrise sur mon medium, maîtrise qui ne vaut pas autant, d’ailleurs, que ces moments de grâce, d’inspiration où, lâchant prise, je me trouve emporté par un flot soudain… ».
29/8/20
L’artiste et la désignation. Regardez, entendez cela, vous n’y avez point prêté attention. Je trouve que c’est intéressant, plus complexe, subtil que ça en a l’air…
Le spectateur ou l’auditeur, circonspects, sceptiques. Ils sont marqués, eux, par des désignations antérieures d’artistes, qui ont convaincu leurs parents. Et ils ont du mal à accepter ces nouvelles désignations, même si les critiques d’art les y incitent.
31/8/20
L'artiste et l'humour. Il voit des trous dans le filet aux mailles serrés qu'ont tissé la raison, les conventions du moment ou l'ordre fixé par l'idéologie dominante. À travers ces trous, il perçoit le mouvement brownien de l'absurde, et ça le fait bien rire...
Il a besoin de cet humour de fond. Avec lui il fait ses gammes