1/8/21
L’agresseur, le vainqueur, le colonisateur, l’exploiteur… Sa morgue, son mépris, son arrogance, son inhumanité à leur égard… S’il n’avait pas besoin d’eux, il n’hésiterait pas à les massacrer ! De temps en temps, c’est ce qu’il fait d’ailleurs : il en massacre un bon nombre. Oubliés, ces carnages dans les beaux livres d’Histoire du vainqueur : ils polluent sa belle image.
3/8/21
Rapports de pouvoir dans le couple, dans la famille, dans l’entreprise, dans la société, entre les civilisations. Pouvoirs cachés, évidents, concentrés, diffus, délégués… Comment alors ne pas garder une profonde sympathie pour l’im-pouvoir de l’art ? Pour sa puissance pacificatrice, et sa promesse de réconciliation avec ce qui est ?
5/8/21
Il me confie : « Moi, je n’ai pas grand chose à raconter. Je suis étonné par tout ce que les gens trouvent à communiquer en papotant dans les cafés : ça n’a que très peu d’intérêt, il me semble, et pourtant l’interlocuteur en face s’étonne, s’extasie, surjoue la surprise, l’ébahissement… Il n’est pas venu pour rien, signifie-t-il. Vraiment elle a dit ça ? Incroyable, etc… Des anecdotes qui se suivent. Variations infimes par rapport à une norme, et suffisant à faire l’événement. C’est dans les mêmes eaux que l’essentiel des conversations s’ébattent, au même niveau : très rarement dans les abysses ou au contraire à la surface de l’écume. Pas plus de phrases profondes que de simples descriptions d’une apparence, d’une lumière, d’un reflet. La sociabilité moyenne exigent ces histoires à raconter. Moi je n’y arrive pas… ».
7/8/21
Il existe plusieurs individus dans la même personne. Le problème alors va être : sur lequel d’entre eux allons-nous tomber quand nous allons la rencontrer !
9/8/21
N’ayez crainte, ne soyez pas nerveux, agités comme ça, de toutes façons ce sera à son heure, mais vous allez de toutes façons mourir… Que vous soyez heureux et passez bien le temps, ou bien que vous soyez accablés dans une interminable durée, il existe un temps objectif et limité au bout duquel vous allez devenir du néant.
De cette certitude (il en existe si peu !), vous pouvez extraire un fier, un calme désespoir.
11/8/21
Il ne l’aime pas. Opposition idéologique ? Assurément. Rivalités de pouvoir ? Sans doute. Rappels négatifs inconscients ? Fort probablement. Il sait tout cela, et il aimerait pouvoir le dépasser, non pour parvenir à l’aimer - ce serait ou surhumain ou comme une dissociation émotionnelle -, mais pour mettre entre parenthèses cette aversion.
Mais il en arrive toujours à la solution simple de l’évitement, et à cette citation de Stendhal : « Je suis chien, vous êtes chat, nous ne pouvons pas nous entendre ».
13/8/21
Tiraillé entre ce qu’il aime et donne sens à son existence et puis ce taraudant constat qu’on n’a qu’une seule vie, une seule, et qu’il serait bien dommage de ne pas entendre ou lire ceci, découvrir cela, s’ouvrir à tant de choses extraordinaires, il se console en lisant les biographies des élus qui ont pu à la fois vivre et faire beaucoup. Mais il y en a si peu !
15/8/21
Avec son conjoint, elle obtient toujours ce qu’elle veut. Et comment procède-t-elle ? C’est simple, il suffit de le persuader, par petites touches d’émotion (un coup les pleurs, un autre la colère, etc.), qu’il est un égoïste lourdaud, entraîné par sa force d’inertie, pour stimuler ses sentiments oblatifs ou sa culpabilité. Et il obtempère…
Du coup, il ne voit même pas son égoïsme à elle, et sa propre pente d’inertie.
17/8/21
Sentiments contraires et porteurs de créativité : la tristesse (on crée pour l’exorciser, la création se fait alors exutoire), et son opposé, la joie (on crée par surabondance de force, surcroît d’énergie).
19/8/21
La troisième dimension de la littérature, derrière le plan de la forme et du fond : le complexe ou le sentiment ou l'attitude existentielle qui s'expriment en fond, en basse continue...