1/12/24
Il me dit que ce qu'on appelle "destin", c'est ta classe sociale, ton caractère et tes serments d'enfance...
2/12/24
En général nous ne nous contentons ni de ce que nous avons ni de ce que nous sommes. Nous aspirons à plus, nous aspirons à mieux. Tout le mouvement de notre société nous pousse dans ce sens. C'est ce que nous appelons idéal et qui ne contribue pas à notre bonheur. Les hommes des sociétés traditionnelles ne subissent pas toutes ces exigences, et voilà pourquoi ils sont plus détendus, plus heureux.
Ne pourrait-on pas développer l'idée d'"aspirations raisonnables" et, en grande partie, maîtrisées ? L'aliénation commence lorsque nous ne pouvons plus décider de notre dépassement. Il est commandé par une carrière, un succès. Alors maintenir notre rang devient une obsession. Et nous ne sommes plus jamais heureux...
3/12/24
A : Je le connais bien par mon amitié.
B : Je le connais mieux par ma haine.
C : Et moi je ne prétends pas le connaître, mais j'entrevois son irréductible altérité.
4/12/24
Le monde des rêves ne fournit pas véritablement de contenus ni sans doute de thèmes à l'artiste mais, par son fonctionnement général, une inspiration féconde.
5/12/24
À tous les conquérants : le défi véritable n'est pas de gagner mais surtout de tenir. C'est-à-dire de créer un nouvel ordre durable.
6/12/24
Les dictateurs... Ils s'apprécient, ils s'admirent, et peut-être qu'ils s'aiment bien entre eux. Ils forment un club invisible dont le droit d'entrée est le suivant : une mégalomanie aveugle et un total mépris pour l'humanité ordinaire.
7/12/24
Il me dit que la médiocrité est son logis, confortable et agréable, qu'il y reçoit ses connaissances... Quand il sort de la médiocrité, il est seul, sujet aux désagréments et court des risques... Mais, si confortable soit-il, le logis de la médiocrité est un caveau où il ne reste plus en vérité qu'à attendre la mort.
Je lui demande : mais si elle est agréable, qu'est-ce qui nous incite donc à sortir de la médiocrité ?
8/12/24
Quand toute l'humanité aura disparu, qui témoignera dans l'univers infini de sa vaine et folle aventure ?
9/12/24
Une puissance guerrière ne peut qu'inciter les autres nations à se méfier, à se durcir et à s'armer. Et déjà cela constitue une grave nuisance, une entrave au mouvement civilisateur.
10/12/24
Les dictateurs ont besoin que leur peuple devienne masse. Le peuple conteste, gronde. Mais la masse obéit. Alors on l'envoie à la guerre...
11/12/24
Le peuple n'est pas entendu = la technocratie sert essentiellement une minorité urbaine, bien dotée, mondialisée. Le peuple est entendu mais berné = populisme, démagogie. Le peuple est enfin pris en compte = démocratie sociale, mais que la mondialisation (compétition dans le moins-disant social) rend quasiment impossible.
12/12/24
Par la violence de son expression, le désir qui se porte sur une autre personne peut paraître simple, mais il n'en est rien... Le désir est le résultat de déterminismes sociologiques, psychologiques, et même biologiques. Le romantisme nous a incités à croire qu'il s'agit d'une force aussi mystérieuse et transcendante que l'inspiration. Et d'ailleurs penser ainsi lui conserve sa violence.
13/12/24
Il me dit : " La vie est bien entendu absurde, mais nous n'en avons cure tant qu'un désir global nous porte... Lorsque nous commençons à lui chercher un sens à cette vie, désespérément bien sûr, nous montrons par là que pour nous ce désir global a décliné ou s'est retiré. Le croyant a sa foi, l'animal son instinct. Mais ce qui porte la plupart d'entre nous c'est un Désir de vivre, puissant et basique..."
Je pensais : de Spinoza à Lacan, est-ce que ce fameux Désir n'a pas été mythifié ?... Recouvrant des réalités hétérogènes en fait, il ne rend pas compte de tout ce qui nous pousse à embrasser la vie indépendamment de son absurdité.
En vrac : appartient-on à un groupe social en déclin ou ascendant ? Est-on isolé ou intégré dans une communauté ? Habité par la croyance, l'Illusion ou alors revenu de tout ? Malade ou en parfaite santé ? Etc. Ces déterminismes peuvent se joindre, ne pas être distingués, créant alors l'impression d'une "cause première", le Désir.
14/12/24
Se penser comme un ESPACE où se mêlent, se jouent, s'opposent, se rencontrent des forces multiples. Certaines forces furent plus marquantes que d'autres. Mais il n̈'y a pas d'instance fixe de commandement dans le cerveau, comme l'affirmait le neuroscientifique Francisco Varela.
15/12/24
Le Machiavel des temps modernes a compris le rôle majeur de la diversion, de la division entre groupes, des débats artificiels ou secondaires, de l'industrie du divertissement pour gouverner, sans recours à la force, sur un peuple injustement frustré.
16/12/24
Les sages, les vieux, les fous, les génies ont envie qu'on leur fiche la paix.
17/12/24
La voix fluette et la petite taille des enfants contribuent à ce qu'on ne les prenne pas au sérieux... Mais oubliez ces variables et écoutez ce qu'ils disent...
Cela manifeste une intelligence vive, native et intempestive. Souvent.
18/12/24
Le problème fondamental dans une œuvre d'art n'est pas, comme on le croit, le défaut en tant qu'irrégularité (cette dernière peut coexister avec des qualités éminentes : cf. étymologie de "baroque") mais l'insuffisance notoire, la platitude irrémédiable. Encore qu'elles aient toujours eu des chances, elles, de trouver un public...
19/12/24
Tu sais que tu es jolie.
Tu sais que je sais que tu es jolie.
Je sais que tu sais que je sais que tu es jolie.
Résonnent les fifres, le jeu de la séduction peut commencer !
20/12/24
Il me dit : "Fin des mythes, des grands récits (mais retour local du fanatisme religieux), usure des croyances collectives (mais émergence de la "post-vérité"), bref ce qu'on appelle le post-moderne.... Il ne reste plus que des compétitions vidées de finalité ou alors des activités spécialisées qui se perfectionnent sans cesse... On ne peut plus se raconter d'histoires ou d'Histoire au sens hégélien !"
21/12/24
Dangers de la tendresse : on badigeonne ceux qu'on aime de nos bons sentiments. On ne voit plus ce qu'ils sont, dessous. On aime surtout la couche de tendresse qu'on a étalée sur eux...
22/12/24
"Tout pouvoir sans contrôle rend fou", écrit le philosophe Alain. Or ce que toujours les dictateurs commencent par faire, c'est de systématiquement défaire les contre-pouvoirs et contrôles qui pourraient les restreindre dans leurs actions.
23/12/24
Distance, héroïsme, élévation, mise en déroute du sens commun pour faire émerger un sens nouveau : c'est la grandeur de l'humour.
Le comique, lui, nous rappelle que nous sommes aussi organiques et mécaniques. Il le fait joyeusement et même de façon festive.
24/12/24
Sauf pour les êtres religieux, le sens profond de la Fête nous échappe dans une société démytifiée. Il ne reste plus que la consommation à se fêter elle-même dans la joie maniaque de son abondance et sa démesure.
25/12/24
L'ego n'est jamais content durablement.
Soit il n'obtient pas ce qu'il veut, soit il obtient ce qu'il veut mais alors veut autre chose, soit il obtient ce qu'il veut, ne veut pas autre chose mais finit par s'ennuyer... Tout cela est tragi-comique.
C'est ici que peut intervenir le Soi qui regarde, comprend l'ego mais reste détaché de ses vicissitudes. Plus fréquemment le Soi se manifeste plus la sérénité s'installe en nous.
26/12/24
Lui que peu de choses déridaient, je le sentais heureux simplement lorsqu'il pouvait émettre un jugement droit, juste, équilibré par rapport aux multiples opinions tordues par l'intérêt, la posture ou la passion.
27/12/24
Par-delà le beau/le laid : une bonne culture esthétique donne les moyens de l'imaginer. Par--delà le bien/le mal : une subtile analyse casuistique permet de le concevoir. Par-delà le plaisir/le déplaisir : c'est là une maîtrise ardue à laquelle prétend la sagesse bouddhiste.
28/12/24
"Il y a des individus qui n'aiment pas plus les autres et les choses qu'eux-mêmes. Alors qu'est-ce qui les fait vivre ? C'est très intéressant parce que cela révèle en creux la force mobilisatrice du devoir ou de l'agressivité !...". Voilà ce qu'elle me dit sans vraiment me convaincre. Il y a toujours quelque chose à secrètement choyer, que les autres n'imaginent pas.
29/12/24
Chez certains artistes le rejet des conventions et de la banalité, dans lesquelles se retrouve le plus grand nombre, est tel qu'ils passent pour méchants en dépit de leurs efforts d'amabilité.
30/12/24
La division du travail comme les classes sociales rendent difficiles des généralités sur l'homme. Le banquet de la vie où tout le monde pourrait avec son voisin communiquer n'est pas pour demain... Pourtant Freud croyait en une relation d'inconscient à inconscient par-delà les barrières sociales.
31/12/24
Ils intriguent, énervent ou suscitent la moquerie, les solitaires.
