Créer un site internet

Février 2018

2/2/18

     Il pleut, il pleut sans cesse... Qui c'est, "il" ?

    Que de l'eau tombe du ciel, comme ça, que les nuages puissent transporter de l'eau, et que cette eau tombe en gouttes, c'est curieux, doux et triste... Humide ressent-on la mélancolie, mais il s'agit d'une douce petite pluie qui mouille l'âme.

     "Il pleure dans mon coeur/Comme il pleut sur la ville;/Quelle est cette langueur/Qui pénètre mon coeur ?"

        Verlaine

 

4/2/18

    

C’est un sympathique café de quartier… On y touve des gens d’à peu près tous les âges. Au bar, le serveur rigole, des amis bavardent vivement, une femme feuillette un journal son enfant à ses côtés, et dans la salle, chacun s’affaire différemment, du travail solitaire sur l’ordinateur à une réunion professionnelle à trois, en passant par le papotage galant d’un couple. Et des endroits comme ça, il y en a un peu partout dans le monde.

Cette chaleureuse ambiance fait croire, imaginer, donne l'illusion un court instant qu’on ne va pas un jour quitter tout seul le beau monde et disparaître à jamais.

 

 

6/2/18

 

"Tout doit disparaître !", "Tout doit disparaître !"... Slogan connu, tapageur durant les soldes.

Mais oui, ne vous inquiétez pas, songe le promeneur, tout va disparaître !

Les collections que vous avez minutieusement constituées vont disparaître. Tout le travail que vous avez accumulé pendant de longues années va disparaître... Ces choses lourdement chargées de souvenirs, ces lettres à l'encre un peu défraîchie du temps de l'éternité (c'est-à-dire la jeunesse) et ces photos témoignant de moments heureux avec les autres, tout cela bien sûr va disparaître !

Les gens que vous n'aimez pas vont disparaître. Mais n'en soyez pas ravis, car les personnes qui vous sont le plus chères aussi doivent disparaître, y compris cette personne géniale qui vous est la plus chère entre toutes, vous-même.

Allons plus loin dans les soldes : l'humanité va disparaître. La vie va disparaître.

Il n'y aura plus de soldes dans l'espace infini voué au silence éternel, un minuscule instant dérangé par un slogan tapageur et dérisoire... 

 

8/2/18

 

     Dans la ville, les couleurs de la neige : le blanc un peu partout, un gris froid sur les trottoirs, et du brunâtre en gadoue sur les chaussées. Bruit curieux, un peu obscène, des passants qui pataugent consciencieusement. Lame sadique du froid sur le visage, découpé en rondelles. Certaines plaques verglassées, dangereuses : les attaques de la froidure suivies d'une glissade et d'un chute. Et d'énormes gouttes ironiques de la neige, qui fond déjà, sur le promeneur. Triomphe de l'hiver.

 

10/2/18

 

La ville du sud. Ruelles silencieuses qu'un vent pressé parcourt.

Ciel azuréen, tuiles orange pâle, pierre ocre et massive, pavés tordus et luisants.

Lentement, un chat avance vers un losange de soleil. 

 

12/2/18  

 

Se réjouir de l'accent local...

Une autre et savoureuse musique de la parole, écrasant ou étirant les voyelles.

Mais également la joyeuse résistance, par une prosodie légale et indestructible, par le souvenir agissant d'un parler ancien, de tous ceux à qui le centralisme étatique a volé langues locales et dialectes.

 

14/2/18

 

Le son des cloches sur fond de palais, citadelle, cathédrale... 

Transporté aux temps cruels et magnificents des papes... La foule odorante et bigarrée qui s'affaire, et un rat fouillant les détritus. La misère des manants et le luxe papal en même temps, bénis par le bleu du ciel.

 

16/2/18

 

Les phares, les feux de circulation, les néons de magasin, toute cette lumière électrique émise fausse le jeu global des couleurs, car tout le reste est bien entendu de la lumière renvoyée. Confronté à ce problème, le peintre figuratif ne représente pas cette lumière émise artificielle.

La nuit cette lumière artificielle devient reine. Ce qui associe, dans les villes, le monde nocturne à l'artifice...

 

18/2/18

 

Le flux incessant des pensées. "The stream of consciousness" (William James). Pour les bouddhistes, les pensées dans la tête ressemblent à des singes fous qui n'arrêtent pas de sauter dans une cage.

Des mots, des mots-wagons qui forment des trains de pensées de plus en plus longs, puis qui disparaissent, soudain. Le corps ne semble pas concerné, sauf lorsque ces trains de pensée suscitent une émotion, ou en proviennent.

L'interruption momentanée du flux de pensées grâce à une action absorbante, ou bien grâce à la contemplation esthétique.

Rester idiot, ahuri devant la beauté : ce serait le signe qu'elle est parvenue à interrompre le flux permanent du mental. Elle fait silence.                                                                                                                                                                                         

 

20/2/18

 

Le gris est aussi une couleur de raccord, permettant d'atténuer les contrastes.

Par ce biais passe la douceur de la grisaille. Mais cette douceur reste triste parce qu'elle enferme le ciel dans un voile brumeux immobile. Cette fermeture se reçoit comme un signe d'impuissance, de la même façon que la tristesse.

 

22/2/18

 

L'anticipation du goût par l'apparence, la couleur, la texture des aliments...

L'inquiétude lorsqu'on est confronté à une couleur inhabituelle (le noir de la "pkeïla" ou de la "mloukhiya" tunisienne) et la surprise quand un goût associé à une couleur ne vient pas (rien de sucré mais violente amertume du chocolat à 100% de cacao).

 

24/2/18

 

Vus par la fenêtre, les arbres dénudés plient sous un vent que le thermomètre mesure en chiffre minimal.

Mais dans la maison, le chat n'a cure de cette glaciale fureur de l'air.

Un haïku de Yasô :

     Le vent d'hiver souffle

les yeux des chats

     clignotent.

 

26/2/18

 

Malgré trois couches de vêtements, le froid a touché la peau, traversé la chair, pénétré enfin jusqu'au fond du corps. Comme en terrain conquis, il s'est installé dans la poitrine.

La sensation de froid intense est alors devenue impression de mort imminente...

Évocation des grognards de Napoléon, des soldats de la Wehrmacht, les muscles durcis et le sang gelé, saisis là, pétrifiés en statues de glace dans l'hiver russe, Gorgone qu'ils ne voient même pas, avant d'être figés par son morne regard.

 

28/2/18

 

Les maisons de cet ancien village de pêcheurs et de marins : cubes Lego rouges, verts, bleus, jaunes, ne permettent aucune transition, aucune valeur intermédiaire. Elles s’imposent comme une vivacité sans nuance, une injonction à la gaîté, une puérile affirmation. La végétation, les quelques palmiers, et même les fleurs semblent ternes devant ces dogmes chromatiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                  

    

Ajouter un commentaire

Anti-spam