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février 2020

1/2/20

Tu lis à haute voix la date du jour et dis : "un deux vingt". Mais tu entends "Un devin"... C'est ainsi que joue malicieusement le langage. Le poète est particulièrement sensible à ces homophonies, et les transcrit d'une toute autre façon. Ainsi Prévert entend : "Sodome et Gomorrhe" et écrit :

"Seau d'eau mégots morts". Un tout autre univers mental n'est-ce pas ?

 

3/2/20

Mon ami est mort.

Mais tu relis ses lettres, tu entends un texte qu'il avait enregistré pour toi, tu vois un film où il s'adresse à la caméra et rit, parle, gambade... Il est tellement là, présent, encore !

C'est quoi finalement une vraie présence ? Un corps que tu peux toucher, et qui te touche. Une odeur familière ou une réponse inattendue à une question, ou même les petits défauts qui t'agacent.

 

5/2/20

Deux ans de bonheur, dix ans d'amertume... Tu te souviens de ce collègue qui avait eu une liaison avec une jeune fille bien plus jeune que lui et très belle ? Comment il était devenu aigri, haineux et misogyne après qu'elle l'a abandonné ? Il pourrait comme Arthur Rimbaud s'exclamer : "Un soir,  j'ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère.- Et je l'ai injuriée.". Cela n'aurait pas le même sens, car la beauté en question n'était pas la Beauté de Rimbaud et, de plus, avait quitté les genoux de ce collègue. Et surtout, c'est la beauté classique, en partie présente dans le charme de cette jeune fille, dont Rimbaud ne veut plus.
Mais les changements de paradigme concernant la beauté mettent du temps à s'inscrire dans les communes réalités humaines, et une belle fille reste encore une belle fille comme un un beau garçon ressemble furieusement à un beau garçon (même si Gainsbourg est très optimiste en affirmant que "la beauté cachée des laids se voit sans délais"). Le collègue a payé le prix moyen dans ce genre d'affaires car, comme dit le proverbe, "qui se ressemble s'assemble" et les belles s'en vont avec les beaux, les jeunes avec les jeunes, et ceux qui ont vécu la chance (ou la malchance !) de l'exception doivent payer longuement cette erreur...

 

7/2/20

Avoir en nous des contradicteurs ou des interlocuteurs tâtillons ne nous affaiblit pas, bien au contraire.

Ces voix intérieures enrichissent, nuancent et complexifient notre propos, quand ils ne nous obligent pas à trouver de nouveaux arguments, encore plus forts.

 

9/2/20

"Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer", écrit Beaumarchais dans "Le Barbier de Séville". Souvent l'écart n'est pas grand entre le rire et les larmes. Quand même, pour que le premier puisse jaillir, il ne faut pas que nous soyons immédiatement concernés !

 

11/2/20

Quand l'humanité puis la vie et enfin notre planète auront disparu, tout ce qui a été dit, fait, voulu, pensé, construit, désiré, se néantisera sans mémoire. En n'ayant servi strictement à rien.

Comme une oeuvre d'art.

 

13/2/20

Il nous disait : "Vous ne pouvez pas vous tromper : l'un des signes que quelqu'un vous aime est que, d'une manière ou d'une autre, il ne vous lâche pas... Aussi bien par le regard que par la communication sous toutes ses formes, bien sûr la présence. Il ne vous lâche pas. S'il pouvait, croyez-moi, vous enfermer, il le ferait !"

Mais nous, nous pensions à un pouvoir totalitaire qui ne lâche jamais personne. Le pouvoir nous aime-t-il à sa façon bien antipathique ? L'amour est-il un pouvoir qui s'ignore ?

 

15/2/20

 Il était plus ou moins convaincu qu'on doit parvenir, un jour et quelque part, à trouver un lieu dans lequel la mort ne peut pas nous atteindre, également un interstice par lequel on peut échapper au temps.

Un matin, il eut la certitude d'avoir trouvé l'un et l'autre. Il était devenu "fou" disait-on. Moi j'incline à croire qu'au fond de lui-même il avait réussi dans sa recherche.

 

17/2/20

"L'art nous offre des énigmes, mais par bonheur aucun héros", disait Maurice Blanchot.

Le nationalisme, c'est tout le contraire. Vous imaginez ce que pourrait donner un... art nationaliste ?

 

19/2/20

Les villes bariolées de la Riviera. Vert pistache, rouge cramoisi, orange vif des façades, et le vert gras des palmiers, et bleu profond de la mer, et l'azur tendre du ciel ! Les peintres à la fête...

Contraste saisissant avec les infinies nuances de gris de la capitale, du ciel brumeux aux trottoirs en passant par les immeubles bourgeois et... les pigeons.

Mais on s'habitue à tout peut-être, et les couleurs dans lesquelles on habite continuellement finissent par s'estomper dans une grisaille. Sauf à être systématisé, c'est toujours le contraste qui réveille.

 

21/2/20

De la ruelle obscure bordée de plantes luisantes, sous le linge qui pend aux fenêtres, la petite silhouette noire s'éloigne à petits pas vers le ciel éblouissant.

 

23/2/20

Est-ce que l'émission de télévision la plus débile et l'oeuvre d'art la plus sophistiquée ne sont pas, pour des publics différents bien sûr, des divertissements ? Comment échapper à cette idée gênante que l'on ne fait que se divertir, que tuer le temps de façon plus ou moins intelligente ?

Une manière d'échapper à cette fâcheuse impression, si on l'éprouve, consiste à déceler d'abord une question, une recherche, une demande qui nous travaillent plus ou moins confusément, puis se diriger vers les oeuvres qui pourraient nourrir ce questionnement.

 

25/2/20

S'en sortir.

Une échappée.

Chemin de traverse.

Voilà les expressions qui venaient le plus souvent dans son esprit... Et il ne pouvait pas s'empêcher de croire qu'elles seraient en lui aussi longtemps que sa créativité.

 

27/2/20

Lorsqu'on n'est pas empli de l'intérieur (plénitude) par l'inspiration, l'enthousiasme, la ferveur d'une conviction ou d'un grand amour, on cherche à se remplir par l'extérieur, du passe-temps quelconque à n'importe quelle consommation.

Mais on n'aime pas subir la vacuité.

Cependant, ceux qui ont connu, connaissent la plénitude intérieure de l'inspiration, les artistes par exemple, supportent mal, quand ils se trouvent en panne, de combler cette vacuité intérieure temporaire par des éléments extérieurs de divertissement, qui leur paraissent artificiels, et même dangereux parce qu'ils pourraient selon eux occuper cette place libre, disponible pour l'élan intérieur. 

Ils préfèrent alors subir cette désolante vacuité que fuient la plupart des gens, quitte à sombrer dans cette dépression typique des créateurs en panne.

 

29/2/20

On ne s'y fait jamais : les choses ne sont pas du tout les mêmes perçues de l'extérieur et vécues de l'intérieur.

Et pourtant nous n'arrêtons pas de commettre des erreurs grossières à cause de cette appréciation bancale, et nous envions ceux qui ne devraient pas être enviés, comme si par exemple un sourire éclatant sur un visage impliquait forcément une exultation et une félicité intérieures. 

     

   

 

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