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Janvier 2020

2/1/20

Une belle jeune femme, sur le trottoir en face, attend qu'il n'y ait plus de voitures pour traverser...

Appuyée sur une borne métallique, elle garde une fière allure. On dirait une... D'Artagnan ! Les yeux lumineux, les cheveux dégagés, la chemise flottante, le jean serré et une jambe en avant, elle semble défier les furtifs regards des passants. Est-elle dans sa vie en général comme sur ce bout de trottoir particulier ?

Ah, combien revendiquent une indépendance qu'elles sont infichues de tenir, garder au long de leur vie !

Les femmes et les hommes le plus souvent n'affrontent pas leurs faiblesses, leurs démissions, leurs fragilités. Il s'agit plutôt de rodomontades et de pétitions de principes sur des détails qui engagent peu, bref de soigner une image... Mais savons-nous aussi percevoir en quoi la fierté, la noblesse d'attitude sont belles ? Et sommes-nous aussi capables d'apercevoir le rat du ressentiment caché en nous, et les féroces lueurs d'envie de ses prunelles ?

 

4/1/20

Quand la grisaille domine le quotidien, et quand le ciel ressemble à un immense drap blanchâtre jeté sur les mornes constructions, ce qui nous manque le plus, c'est la découpe lumineuse du soleil sur les façades d'immeuble...

Et comment le sieur Phébus décide là de couvrir d'or un étage entier, ici d'étaler un rose tendre sur un mur quelconque, plus loin et sur le côté gauche d'une rue, de nous éblouir de son éclatante géométrie... Comme ça, par son impérial arbitraire d'Artiste, il désigne les plans, les espaces à contempler, admirer, l'astre ! Et bien sûr nous nous inclinons devant le vrai, le magnifique Roi Soleil.

 

6/1/20

Moments de plaisir bien ronds, irisés de couleurs et dessins subtils, flottant dans une sorte d'éternité...

Et puis qui éclatent d'un coup, l'un après l'autre, soufflés par les rafales du temps qui passe.

 

8/1/20

"Le vase donne une forme au vide, et la musique au silence", écrivait Georges Braque.

Une belle formule orientale, trouvée par un Occidental !

 

10/1/20

 Voilà, il ne s'agissait pas alors d'avoir des IDÉES, non, ils faisaient très bien leur métier.

Attentivement et consciencieusement, avec un goût de la perfection... Ils peignaient comme des artisans d'art accomplissent leur tâche, avec parfois, ça et là, une trouvaille, mais ce n'était pas l'essentiel. Religieusement - au sens étymologique du mot "religio" qui désigne une attention scrupuleuse - et peut-être par respect pour la Création, puis par admiration pour la Nature, ils peignaient. Sans vouloir se rendre originaux, intéressants à tous prix, et même humbles devant l'étendue de leur tâche...
Il faut imaginer cet état d'esprit pour comprendre les oeuvres picturales (ou dessinées, gravées) de ce temps-là. Dès qu'on les scrute, dès qu'on les admire, on pense immédiatement : ah, aujourd'hui, ce n'est plus possible de créer comme ça ! Et puis l'on se ravise et l'on pense à ces quelques exceptions dans l'art, mais que l'art a justement reléguées dans les exceptions, les marges et, parfois, tout simplement la folie.

 

12/1/20

Oscar Wilde disait que le sujet d'une oeuvre d'art importe peu, privilégiant ainsi la forme, la manière au détriment du thème, du contenu. Cependant le sujet attire ou éloigne l'amateur de prime abord, c'est indéniable. "De quoi ça parle ?", demande-t-on à propos d'un roman, d'un film ou d'une pièce.

Et il est en plus difficile de renoncer à ce vieux besoin d'apprendre quelque chose de nouveau, même si c'est juste un autre point de vue, sur un sujet.

 

14/1/20

Il y a quelque chose d'oppressant mais aussi de fascinant dans le progressif éloignement à l'égard des autres, auquel on peut assister dans certaines folies ou aventures intérieures ou dans certains moments d'extrême lucidité. La douleur du départ, de la séparation, il est vrai, mais en même temps la joie de lever l'ancre et prendre enfin le large. Aucune animosité bien sûr à l'encontre de tous ceux qui se pressent sur le rivage et qui peu à peu se perdent dans la brume de l'insignifiance... Au bout d'un certain temps on ne voit plus rien et tout semble se confondre, mais on commence à percevoir des souffles et chuchotements. Ce sont les voix intérieures les plus profondes qui osent se manifester.

 

16/1/20

Comment être plus large que son humeur ?

Elle submerge l'esprit dans son entier et donc la perception bien sûr, et ainsi, comme "le monde, c'est mon monde" (Wittgenstein), elle colore tout notre environnement. Impossible d'y échapper. Et c'est pareil pour un sentiment...

Un sentiment une fois installé, que l'on écrive, peigne ou compose, on peut être sûr qu'il imprègnera toute la création. C'est une chance pour le créateur... Ainsi le sentiment de dégoût dans l'oeuvre de Céline, le sentiment de désespoir chez Pavese, le sentiment de révolte chez Vallès, etc. 

Mais si l'on ne crée pas, un sentiment de désespoir est terrible. Il est répandu comme un micro-climat statique dans la tête. Et il est moins reconnu comme tel que le monde extérieur est vécu comme désespérant.

Dès lors, si l'on parvient à se faire mentalement plus large que son humeur, à être capable d'englober toutes les humeurs, tous les sentiments, on est sorti d'affaire. Mais demandez à l'amoureux ou à l'euphorique s'il veut être sorti d'affaire ! Se distancier de ses humeurs ou sentiments, qui en voudrait longtemps ?

Sauf si l'on exhume un sentiment qui accompagne parfois l'au-delà de tout sentiment, et qui s'appelle la béatitude.

 

18/1/20

 Il se disait : "Bon, tout cela part d'un  sentiment amoureux, non ? Le soin, la présence attentive et cet enveloppement régulier !... Puis faire en sorte que ma vie soit meilleure, penser à mon bien !"

Mais alors, quelle était cette part de lui-même qui, en un doux ricanement, vous retournait tout ça comme un gant, et lui chuchotait : "Mais mon ami, c'est juste un contrôle en douceur, un accaparement insidieux, une intrusion huilée ! Entretenir sa nouvelle propriété, n'est-ce point là une forme d'égoïsme territorial ?... Mon pauvre ami, quel grand naïf, quel benêt tu es devenu !"

Puis la première part de lui revenait en force et sévèrement jugeait la seconde, en la taxant de "paranoïaque", de "misogyne", de "misanthrope"...

Alors, inquiet, piteux, il s'interrogeait : un amour sans possession, sans intérêt, existe-t-il ? Celui qui ne demande jamais rien, mais se contente de donner en souriant ?

 

20/1/20

 Qu'est-ce qui vaut mieux :

quitter le Pays en épuisant au maximum tout ses délices pour ne rien regretter ?

Ou bien

quitter le Pays en ayant en tête toutes ses horreurs pour ne rien regretter ?

 

22/1/20

Peu à peu les formes s'estompent, et le promeneur arpentant cette ville ne reçoit plus que les nuances infinies de ses teintes orangées, de ses ocres rouges, et l'épais ocre jaune du fleuve.

N'a-t-il pas quitté la ville grise pour se baigner dans d'autres couleurs ?

Il attend la complémentaire de l'orange, le bleu, pour que la fête chromatique puisse commencer... Et le bleu arrive soudain avec le ciel qui, découvert par de brusques rafales, exhausse toutes ces teintes orangées d'un seul coup.

 

24/1/20

Dans le tableau de grand format, fourmillent un tas de personnages. Il les observe, puis il imagine que le peintre ait voulu, comme ça, en supprimer un... Ce n'est pas compliqué : l'extension par un coup de pinceau d'un vêtement ou d'une ombre proches, et nul ne remarquera cette disparition.

Il se dit alors que, de la même manière, chacun de nous disparaît un jour du tableau d'ensemble et, pour l'immense majorité, quoiqu'on veuille l'imaginer, vraiment ça ne fait pas la moindre différence.

 

26/1/20

Ils transgressent, repoussent les limites, multiplient les exploits, se propulsent dans l'avenir ou se planquent dans le passé, font leurs numéros de bravoure sur la scène, dévient effrontément d'un côté puis de l'autre. Mais bon, tout ça...

Malcolm de Chazal : "L'enfant tire sur sa bonne, qui elle le laisse faire, mais placidement le mène où elle l'entend. Nous bousculons la vie, mais la vie nous mène".

 

28/1/20

Une énergie débordante, une intelligence si vive, malicieuse, et un enveloppement du réel par l'imaginaire du jeu...

Voilà pourquoi nous souhaitons garder en nous le meilleur de l'enfance !

 

30/1/20

Perdre du temps, gagner du temps, rentabiliser son temps, "le temps c'est de l'argent", etc...

Le capitalisme est une obsession du temps, avec la conscience anxieuse de sa limitation par la mort. Vitesse croissante dans tous les domaines, maîtrise de l'espace, réversible, venant compenser l'irréversibilité du temps, rapidité hallucinante de la réactivité boursière, néotaylorisme : le capitalisme a structuré notre rapport au temps jusque dans la sphère intime de chacun, suscitant des compétitions, des culpabilités, des angoisses qui jadis n'existaient nullement. 

La seule réserve écologique pour échapper aujourd'hui à cet enfer de la chronophobie se situe dans l'art, et particulièrement celui qui se consacre à "habiter le temps", de la littérature de Duras à la musique minimaliste, en passant par le cinéma de Tarkovski.

Bien sûr qu'un autre rapport au temps est possible ! L'un des premiers signes que nous serons passés à un autre type de civilisation sera une toute autre manière de vivre le temps.  

         

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

 

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