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Janvier 2024

1/1/24

.    On n'a rien à dire, mais on parle...

     On a quelque chose à dire, et pourtant l'on se tait.

     Comment vous concluez ?

 

2/1/24

     Ce qui génère, anime, entretient, vivifie, c'est l'amour et le travail. 

 

3/1/24

     L'un est replet, satisfait de la coquette somme qu'il possède en banque et qu'il n'entamera jamais. Quiète satisfaction d'un surcroît de sécurité, mais illusoire si l'on songe à tout ce qui peut lui arriver par ailleurs...

     L'autre est malheureux de dépenses supplémentaires qu'il n'avait pas prévues mais qui ne menacent en rien son capital... Ce bonheur et ce malheur ne correspondent à rien de réel, concret. 

  Les plaisirs sensibles ont cet indiscutable avantage, même s'ils sont brefs, d'infiniment plus nous coller au réel que tous ces bonheurs factices en carton pâte dont nous agrémentons notre vie. Relire aussi la fable de La Fontaine "Le savetier et le financier"

 

4/1/24 

     C'était un être obscur, il est entré dans la lumière des médias, la célébrité... Il était inconnu et l'on se retourne sur lui dans la rue... Sa vie était simple, elle est devenue bien plus compliquée. Gérer son image, etc. 

     Et de quoi s'agit-il dans tout ça ?

  De la reconnaissance des autres à un niveau anormal, exceptionnel. Mais pour certains cette aliénation est un surcroît d'existence, un élixir d'immortalité. 

 

5/1/24

     "La majorité c'est personne ; la minorité, c'est tout le monde. C'est ça, être de gauche. C'est savoir que la minorité, c'est tout le monde." Deleuze

     La gauche universaliste des Lumières ne s'y retrouverait pas. On est ici plus proche d'un... communautarisme anarchisant. 

 

6/1/24

     D'où tirez-vous la figure de ce monde "tel qu'il devrait être" ?

     Du contraire de ce monde tel qu'il est... 

         Mais il n'est pas du tout dit qu'il faille automatiquement remplacer le noir par le blanc : pourquoi pas par le bleu ou le jaune ou même le gris ? 

 

7/1/24

         D'un coup tous les combattants du monde arrêtent de se battre. Mais ils n'embrassent pas pour autant leurs adversaires... Non, ils ont été envahis, contaminés par les immenses nuées de l'indécision. 

 

8/1/24

       Rôle éminent de la reconnaissance par autrui, mis en valeur de Hegel à Honneth.

     Beaucoup trop de gens sont ignorés voire humiliés dans l'organisation du travail mise place par le néolibéralisme.

 

9/1/24

     Elle me dit enfin pourquoi elle a fini par le quitter, lui que je trouvais si charmant, si agréable... "En fait je me suis rendu compte qu'il n'aimait vraiment rien ni personne... Blasé, négligent, égocentrique, il calme d'abord et séduit celles que leur passion malmène. Son charme aidant, la vie avec lui semble légère, moelleuse... Mais avec le temps, son dilettantisme, son aisance creuse m'ont agacée. Enfin j'ai éprouvé une antipathie répulsive pour son désert affectif intérieur. Quelque chose en lui me paraissait mort. Et d'ailleurs il était hanté par la mort... Voilà pourquoi je l'ai quitté. Il faut se méfier d'un certain charme..." 

 

10/1/24

     Pour un certain nombre de personnes (combien dans la population ?), une représentation d'eux-mêmes, un récit qu'ils se sont forgé sur leur prédestination leur a permis de croire intensément qu'ils se distinguaient de la multitude, qu'ils étaient à part, hors- normes...

     Quand ils ont bien plus tard étaient rattrapés par le réel,  le réel sociologique, et ont compris qu'ils étaient simplement un parmi les autres, alors ils se sont mis à brutalement assumer une mort symbolique.

     Car la masse, à laquelle ils voulaient tant échapper, est la première apparence, symbolique, de notre matérielle mortalité. 

 

11/1/24

     Même dans l'art l'invention est collective, dans le sens où c'est une chaîne entre différents artistes qui se passent le relais en bifurquant plus ou moins selon des variations personnelles et l'esprit du temps. 

 

12/1/24

     On n'a pas vu venir, confessent-ils atterrés... Mais, chers amis journalistes, il ne faut pas confondre les variations de l'écume aux mouvements de fond, plus difficiles à percevoir mais porteurs de changements longs et qui émergent soudain. 

 

13/1/24

      Sur la mégalomanie : surestimation de soi qui peut être une surcompensation d'un sentiment d'infériorité lui-même dû à une carence affective...

     La dimension sociologique n'est pas à négliger :  surexposition médiatique de celles et ceux qui ont "réussi" et mythification du thème de la réussite ; individualisme exacerbé du modèle capitaliste minorant solidarité et coopération ; matraquage publicitaire incitant à devenir un être de... marque(s), les grandes marques étant supposées nous distinguer du commun. Par ailleurs les milieux du spectacle regorgent de mégalomanes et de... futurs dépressifs (quand le ballon mégalomane aura éclaté aux pointes du réel) ou d'amers méconnus.

     Guérison des mégalomanes : leur apprendre à s'aimer dans l'absolu et relativiser en même temps ce thème de la réussite, tout en ne méconnaissant pas le besoin normal de reconnaissance.

 

14/1/24

     La parabole des deux naufragés sur une île d'abondance...

     L'un ne cesse de guetter un bateau qui passerait dans les parages et pourrait les sortir de leur situation.

  L'autre préfère exploiter les suffisantes ressources le l'île, renonçant à un hypothétique sauvetage.

     La deuxième attitude témoigne d'un désespoir assumé, essayant, avec réalisme, de tirer profit au maximum du possible. Mais il est clair que le premier personnage symbolise l'idéaliste, le rêveur impénitent, le romantique, l'être du possible.

 

15/1/24. 

     "La gloire, deuil éclatant du bonheur", écrit Mme de Staël. 

     Que se passe-t-il quand le personnage public étouffe la personne privée ? Quand il faut se maintenir sans cesse à la hauteur que l'on a atteinte, voire la dépasser,  car les autres finissent par se lasser de tout ? Quand un faux-pas peut faire brutalement chuter d'aussi haut qu'on est monté ? Quand on est en état d'hystérique addiction avec le théâtre et le public qu'on trimbale sans cesse avec soi ?... Est-on heureux ? Se soucie-t-on encore de l'être ? 

 

16/1/24

     Il a été inspiré par le sujet. Il a écrit, composé avec frénésie... Plus tard, lors de la remise des copies, il a obtenu la meilleure note et sa rédaction à été lue par le professeur dans une approbation générale. 

     Des années après, il se souvient que la joie qu'il a éprouvée en créant fut sans commune mesure avec la satisfaction d'être si bien noté et reconnu par ses camarades...

 

17/1/24

     Esprit zen, esprit neuf.

     Pourquoi ? 

     Il y a une perpétuelle attention au présent, l'esprit dégagé, un sens aigu de l'éphémère. 

 

18/1/24

     Tu m'obsèdes... Je te suis du regard sans cesse, petite serveuse. Ton immense douceur fade, ta simplicité gracieuse... Je t'imagine au quotidien ou dans des situations extraordinaires... Tout ce que ton insipidité, ta bienveillante neutralité éveillent en moi ! Ô je sais bien que je suis en plein dans le processus de "cristallisation" dont parle Stendhal, et je le revendique comme illusion fertile, créatrice !  

 

19/1/24

     Il a plein de problèmes, il est bloqué dans un carrefour d'impasses, et il n'arrive pas à en sortir : il est désespéré. 

     Il n'a aucun problème, il avance sur la route étale de sa vie dont l'horizon est dégagé jusqu'au bout : il est désespéré. 

 

20/1/24

     Il y a des climats, des cultures, des religions qui incitent au travail, et d'autres pas du tout. Mais enfin il y a toujours ce travail obligatoire pour tous ceux qui, sans fortune, sont obligés de gagner leur vie... 

 

21/1/24

     Il regarde les gens pressés dans la rue et en soupirant me dit : "Ils travaillent, entretiennent leur force de travail, s'occupent de leurs proches, ont différents loisirs... Et le temps passe ainsi. Pourquoi ai-je l'impression qu'ils ratent l'essentiel de leur présence sur terre ? Pour la simple raison que pouvoir poser cette question-là,  des questions existentielles fondamentales, c'est prendre cette distance qui fait toute la différence de l'humain avec un animal, un robot ou une intelligence artificielle. C'est le propre de l'homme de pouvoir s'interroger, s'étonner et n'être pas seulement conditionné..." 

 

22/1/24

     Deux éléments au moins posent problème dans cette notion fétiche d'"identité". D'abord elle suggère quelque chose de simple alors qu'elle est complexe, et ensuite elle implique une invariance alors qu'elle est mobile. Je suis une multitude d'influences elles-mêmes très fluentes et, par la conscience que j'en ai, je peux les transcender, voire les modifier par l'apprentissage.     

 

23/1/24

     - Vous vous trompez, je ne suis pas celui que vous souhaitez, espérez... 

     - Je m'en fous, j'ai envie de vous aimer follement !

      Comme dit Spinoza, l'être humain n'aime que ses penchants, non ce vers quoi il penche. 

 

24/1/24

     - Je me permets d'insister :  ce que vous aimez en moi n'est sans doute que votre idéal du moi, qu'il serait plus intelligent d'essayer de rejoindre par votre vie propre... 

     - Je m'en moque :  ne me volez pas ma belle Histoire d'amour ! 

 

25/1/24

     Il y a ce que tu es et refuses de voir, ce que tu es et acceptes, ce que tu es et aimes en toi... Il y a ce que tu paraîs globalement aux autres. Enfin il y a ton aspiration profonde en partie secrète. Reviens à elle dès que possible... C'est ta figure de proue qui fend l'océan de la vie.

 

26/1/24

     Croire profondément en Dieu, en la révélation, en la religion ou bien être agnostique voire athée, cela fait une différence gigantesque se répercutant sur maints aspects de la vie. Et il faut être conscient de l'incompréhension presque insurmontable entre les tenants des deux bords. L'ironie de l'affaire, c'est que les uns et les autres étaient persuadés qu'ils allaient convertir le monde entier...

 

27/1/24

     Un magnifique proverbe chinois dit : "Chaun interprète à sa manière la musique des cieux". Les religions hélas ne montrent pas du tout la même tolérance à l'égard de la diversité des points de vue en la matière ! 

 

28/1/24

     Il me dit que la seule valeur qu'il garderait de la religion,  c'est ce qu'indique son étymologie selon Cicéron = "relegere" (relire, donc faire attention aux détails) contraire de "neglegere", qui a donné "négligence". On parle d'ailleurs d'un soin religieux. Cela fait sens.

     Et je lui ai répondu que pour moi comme pour Ernst Bloch, le meilleur de la religion c'est qu'elle engendre des hérétiques ! 

 

29/1/24

     Comparée à l'attraction pour l'argent ou le sexe, l'attraction religieuse n'est pas si universelle...

 

30/1/24

     Il y a dans l'acceptation absolue du dogme et dans la soumission totale aux commandements religieux quelque chose d'intolérable pour un esprit libre.

 

31/1/24

     La science ne répond certes pas à toutes les questions. Mais ses blancs ne justifient pas que la religion y inscrive sa mythologie. 

 

        

         

     

 

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