1/7/23
On répète qu'on aime une chose pour ce qu'elle représente, pour tout ce à quoi elle et associée.
On en oublierait presque qu'on aime cette chose-ci et pas une autre. On l'aime assez pour qu'on oublie tout ce à quoi elle est associée.
Peut-être même faut-il envisager que l'on puisse aimer une chose pour elle-même, et non pour ce dont elle serait le signe.
2/7/23
La justice n'est pas forte, et la force n'est pas juste.
Le miracle serait que les forts se mettent à être justes...
3/7/23
Créer délivre tellement de la souffrance que certains créateurs espèrent même souffrir uniquement pour voir accourir l'inspiration créatrice qui va les guérir ou les soulager !
4/7/23
L'une des activités fondamentales de ceux qui ont le pouvoir consiste à tromper tous ceux qui ne l'ont pas.
5/7/23
Il me dit que l'on devrait prendre conscience de toutes nos foucades, velléités, impulsions sans lendemains... De l'immense peuples des bâtards et avortons de la Volonté. Cette dernière a si peu d'enfants légitimes ! Nous avons bien plus de voeux que de volontés...
7/7/23
La chair féminine indifférenciée, goulûment désirée : ce qu'il reste du sein maternel halluciné...
9/7/23
On ne voit pas ni n'entend une réalité qui dérange parce qu'on ne peut/veut pas la transformer.
Et quand tout de même elle s'impose, on l'interprète mal. Jusqu'à l'idiotie...
11/7/23
"Le pratique, l'intendance, la gestion du quotidien, toute l'aire du domestique... Tant de femmes règnent sur ce domaine ! Chez le mâle réticent, guerrier, artiste, aventurier ou intellectuel, il existe toujours cette peur d'être absorbé là-dedans, d'y perdre ses prérogatives, et finalement de n'être plus qu'un intendant au rabais, un grotesque homme ménager", me dit-il. Et je pensais : voilà pourquoi il est resté célibataire.
13/7/23
Les élucubrations du dictateur puisées à de nombreuses sources... Il en sort une doctrine de toutes façons nationaliste. C'est ainsi qu'il tient, c'est ainsi qu'il s'impose avec son grand récit. En effet, ne raconte-t-il pas toujours : nous sommes les meilleurs... Faisant partie des meilleurs, TU es le meilleur ?
15/7/23
Jusqu'à quel point vas-tu nier l'évidence ?
Il est déjà difficile d'admettre que tu te trompes, et encore plus difficile de reconnaître que tu t'es si longtemps trompé.
17/7/23
Quand ils se sentent menacés, les possédants, qui ont le véritable pouvoir, détournent en sous-main l'agressivité de ceux qu'ils frustrent et oppriment soit vers un groupe mal intégré servant alors de bouc émissaire, soit vers un conflit avec une autre nation. Soit vers les deux. Mais pour cela, ils ont besoin d'une figure charismatique, un dictateur pantin qu'ils puissent contrôler. Petit problème : parfois elle leur échappe...
19/7/23
Pour le philosophe rien n'est évident. Schopenhauer dit que la philosophie est fille de l'étonnement.
Pour l'artiste aussi la représentation commune ne va pas de soi.
Mais leur chemin bifurque parce que l'un cherche du sens et l'autre une perception nouvelle.
21/7/23
Il me dit qu'il a été, est toujours en extase devant les célèbres vers de Shakespeare, qu'ils apparaissent à son esprit dans l'éblouissement éternel de la vérité :
"La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur qui s'agite et fait son numéro sur la scène et qu'ensuite on n'entend plus. C'est une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, qui ne signifie rien".
23/7/23
Un monde où le pouvoir sur les autres non seulement n'attirerait plus mais encore susciterait un vague dégoût est d'autant moins inconcevable que déjà bien des individus - par molle indifférence ou tout au contraire par une passion qui les porte ailleurs - n'ont rien à faire de régner, commander, subjuguer... Qu'une authentique démocratie à tous les niveaux serve en plus de cadre aux décisions collectives et majoritaires, et le pouvoir ne serait plus exercé que sur les choses.
24/7/23
La machine à rêves d'Hollywood... La "happy end" obligatoire. Idéalisation du réel. Le bien sans taches, le super-héros. Le juste gagne toujours et le méchant est puni.
Ce cinéma, bien entendu lucratif, entretient la puérilité du grand public et, comme tous les rêves, ainsi que le disait Freud, est le gardien de leur sommeil.
25/7/23
La plupart du temps on recouvre notre vision du terne voile de l'habitude.
On ne commence à voir que lorsqu'on découvre. Ce qui implique l'insistance d'un étonnement. Par exemple : vous l'avez regardée comme surpris, comme si c'était la première fois... "On ne voit que ce qu'on regarde", écrit Merleau-Ponty.
26/7/23
Leur passion emplit, occupe toute leur vie, au point qu'ils la perçoivent à peine. Pensent-ils seulement à leur mort ?
Ils partageraient des bêtes la même force d'instinct. Mais les bêtes se reposent, eux jamais.
27/7/23
Depuis 14-18, la guerre c'est des machines contre d'autres machines. Les hommes ne sont que les servants de chair sacrifiés, exaltés ou terrorisés par cet infernal, titanesque affrontement de machines.
28/7/23
Ce sont les perdants du système... Mais, comme il est humiliant pour eux de l'admettre, ils votent de la même façon que les gagnants.
Au moins paratagent-ils quelque chose avec eux...
29/7/23
Elle me dit : il y a des gens qui habitent le Malheur... C'est très simple, il leur suffirait d'ouvrir la porte de cette maison et de sortir. Mais c'est là leur adresse, ils en sont convaincus.
30/7/23
Vivre le moment présent sans les marques du passé ni les signes du futur, quelle ascèse !
Ce serait l'épure d'une perception dénuée de mémoire et d'anticipation. Résultat : ahurissement ou extase ?
31/7/23
Isolée par la chaîne des causes et effets intermédiaires, la cause lointaine échappe souvent au plus grand nombre, souvent braqué sur la cause immédiate.