1/7/24
La consommation/consolation... Une sorte de réparation. Vague-à-l'âme : alors elle s'achète un vêtement et lui un disque. Une sorte aussi de restauration : tristes, ils vont s'offrir un gâteau.
Consommation/compensation... La vie est si fertile en frustrations ou vexations de toutes sortes qui appellent ces compensations faciles à obtenir à condition d'en avoir les moyens !
Mais si vous avez une passion dévorante ou une activité prenante, ou alors si vous vivez dans un lieu où les sollicitations sont rares, alors vous échapperez à la consommation, pieuvre aux tentacules innombrables s'enroulant autour de vos faiblesses.
2/7/24
La consommation, par quoi ils se découvrent peu à peu : leurs choix, leurs goûts... Toute une façade de leur personnalité que valorise notre société (de consommation) dans la présentation de soi. Mais l'influence extérieure (publicité) reste un biais non négligeable.
Tout comme les socio-styles, par définition simplificateurs...
3/7/24
La société de consommation favorise une fixation ou une régression au stade oral. Pathologiques, elles dégénèrent en boulimie. La nation où la consommation est reine, les États-Unis, est celle où les obèses sont les plus nombreux... Mais une fixation au stade oral laisse souvent peu de place à la conduite de citoyen actif, critique et responsable. Aussi, à sa manière, la société de consommation soumet ses membres à un pouvoir doux et très efficace.
4/7/24
La consommation dans la société éponyme ne vise pas à la satisfaction des besoins ni même à celle des des désirs naturels mais à celle des envies artificielles qu'elle fait pousser sur le terreau d'une avidité sans bornes et d'un besoin de reconnaissance qu'elle entretient par le matraquage publicitaire.
5/7/24
Le citoyen dans la société de consommation : placide et somnolent quand il est satisfait ou alors saisi d'une violence soudaine et sans lendemain quand il est frustré de sa consommation.
Largement abstentionniste et peu actif dans la vie de la cité, il est également peu mobilisable pour les grandes causes ou (heureusement en général) pour les guerres.
6/7/24
Ce qui condamne définitivement la société de consommation : généralisée, elle est intenable pour les ressources limitées de la planète.
7/7/24
Il me dit que la plupart des hommes, tenus par leurs croyances, l'idéologie, leur scénario de vie, savent globalement où ils vont mais, ajoute-t-il en souriant, "les non-dupes errent" comme Lacan dans l'un de ses calembour le répétait.
8/7/24
Pour elle le sentiment d'échec est d'autant plus répandu que les possibilités offertes par la société s'accroissent. On attrape si peu de tout ce qui s'offre !... L'exhibition médiatique de certaines "vies réussies" persécute les gens, ajoute-t-elle. Ils sont d'autant plus malheureux qu'ils croient alors en une liberté totalement mythique...
9/7/24
Ceux qui meurent ne revenant plus pour nous raconter ce qui se passe de l'autre côté, les vivants se sont mis à bavarder à leur place. Mais ils ne sont pas crédibles...
10/7/24
On ne pense pas assez à ce qu'on pense.
Certaines pensées, représentations toxiques passent en nous très vite, mais ça ne les empêche pas d'altérer notre humeur.
Comme le sage bouddhiste, sois le vigilant gardien de ton espace intérieur.
11/7/24
Il me dit que, de son vivant, il avait bien senti tout ce que représente la mort comme oubli, effacement, rien que par l'indifférence foncière, et pas seulement par égoïsme, des gens...
12/7/24
Être envieux : souvent se tromper deux fois, sur le bonheur supposé des autres, partant sur le bonheur que l'on éprouverait soi-même à leur place et dans leur situation.
13/7/24
Est-ce que la mort, notre néantisation définitive et toujours prochaine, détermine un certain nombre de nos conduites, de nos parades dérisoires, sans que nous en soyons conscients, ou bien est-ce que, profondément refoulée, niée, elle ne joue qu'un rôle marginal dans le grand théâtre de la vie qui nous fait croire immortels ?
14/7/24
Moralisme : débordement, recouvrement par les valeurs morales des autres valeurs (logiques ou scientifiques, esthétiques). Alors que les valeurs morales restent incertaines et relatives,
15/7/24
Relativité des valeurs morales : elles dépendent de ce qui est pratiquement possible (on peut ou on ne peut pas (se) permettre). En ce qui concerne de supposées valeurs morales universelles, il reste difficile de pleinement les justifier et encore plus de les fonder. Là commencent les ingénieux édifices philosophiques de légitimation...
16/7/24
Elle me disait parfois que sa morale se déduisait immédiatement de sa conscience globale de notre misère collective effroyable, misère d'êtres mus par une sorte de vouloir vivre absurde sur fond de néant. La pitié, la commisération se déclenchaient spontanément à la vue de ce tableau affligeant...
17/7/24
"Que chacun puisse enfin se trouver, et exprimer le meilleur de cette découverte : telle serait ma seule morale. Mais je conçois qu'elle reste insuffisante..." Voilà ce qu'il me dit parce qu'il a en tête la morale (qu'il admire) de tous les soignants qui se dévouent à autrui.
Mais on peut trouver sa voie dans le soin à autrui, l'aide et même le don de soi... Le problème serait plutôt que beaucoup n'ont rien trouvé en se cherchant, si bien que l'éthique du "deviens ce que tu es" tombe à plat les concernant.
18/7/24
Les valeurs morales peuvent enrober la pire agressivité : discours emporté sur la nation à laquelle sacrifier nos egos mesquins et... guerre qui s'en suit. Ah, on avait toujours de bonnes intentions ! L'enfer est évidemment pavé de bonnes intentions. Mais l'acte moral est tout un et la fin ne justifie pas chaque fois les moyens.
19/7/24
Le souci des autres, l'indifférence complète à autrui, la misanthropie... Pour beaucoup, ces trois sentiments coexistent en eux selon diverses modalités et circonstances.
Et la morale veut balourdement régenter ce jeu subtil. Voilà pourquoi notamment elle agace.
20/7/24
Chez les Grecs la morale donnait le moral.
Le bonheur avec un art de vivre idoine dans le cadre des règles de la Cité constituent leur morale. Le péché, la faute sont préparés par le judaïsme et développés par le christianisme.
21/7/24
Les morales comme prêt-à-porter d'impératifs nous convenant plus ou moins bien, adoptés machinalement alors qu'il nous faudrait les expérimenter, mettre en question et critiquer. Ce à quoi nous invite sans cesse Nietzsche...
22/7/24
Il voulait entrer dans sa vie d'une manière ou d'une autre, qu'elle le reconnaisse et qu'elle pense à lui... Il lui écrivait, la provoquait, tentait d'avoir de l'esprit et de l'amuser. Il croyait qu'à défaut de susciter l'amour, on peut au moins piquer l'intérêt.
Mais elle était indifférente à son égard et toutes ces tentatives pour entrer dans son espace intérieur elle les vivait comme intrusives voire agressives... Il n'y a pas que des amoureux transis, certains sont des conquérants. Or céder à une cour assidue la dégoûtait. Elle se disait : fiche-moi la paix, passe ton chemin ! Je ne crois qu'à des attirances spontanées et réciproques.
23/7/24
Les rumeurs qui montent de la rue, quelques vagues senteurs de cuisine et la paix d'un soir d'été... Nous ne demandions pas plus pour nous laisser doucement embarquer dans le sommeil...
24/7/24
La Raison, non pas instrumentale, réduite aux moyens, mais compréhensive et globalisante, comme finalité heureuse ou, à tout le moins sage, de l'existence...
25/7/24
Le plaisir qui répond à une envie préalable est plus intense et plein que celui qui procède d'une compensation ou d'un remplissage. Le vague-à-l'âme et la vacuité : faux amis du plaisir...
26/7/24
Une réduction significative de la culpabilité, si profonde et insidieuse, reste une condition nécessaire mais non suffisante à la joie de vivre.
27/7/24
Le blabla monotone de la communication ordinaire : la façon habituelle dont les gens se règlent et se régulent les uns par rapport aux autres... Ils en tirent en général l'impression satisfaisante d'une vie protégée, inoffensive.
28/7/24
Pendant quelques années il fut occupé par la pensée de la mort, peut-être investi par la pulsion de mort... J'ai imaginé personnellement et de façon purement mythologique qu'il avait eu une aventure amoureuse avec la Camarde mais sans que cela se traduise par un suicide. Il pensait toujours à Elle comme un amant fasciné, envoûté, mais tenu à distance.
Un matin il s'est rendu compte qu'il La rejoindra de toutes façons comme tout le monde mais que, pour l'instant, son épouse était la Vie.
29/7/24
C'était avec tristesse que vous sortiez alors des bras de Morphea, car les rêves vous transportaient dans leurs histoires à rebondissements étranges dont vous étiez le figurant spectateur, tandis qu'au réveil l'existence était là, inerte, attendant tout de votre bonne volonté.
30/4/24
Elle me parle de tous ces gens qui auraient aimé être autres que ce qu'ils sont, faire autre chose que ce qu'ils font, qui regrettent leur vie, leur choix amoureux, bref qui se jugent indignes... La foule immense des petits névrosés. À la fois imbus d'eux-mêmes (pour qui se prennent-ils pour endosser tel ou tel destin sans en payer le prix ?) et trop sévères sur leurs qualités, les ignorant même.
Je lui réponds : toujours l'image de soi, l'ego ! C'est l'amour qui leur manque. Celui qu'ils n'ont pas reçu et/ou qu'ils ne savent pas donner.
31/7/24
Activité où objet dès l'enfance aimés... D'eux on ne se lasse jamais. Une boussole existentielle.