1/5/24
Le travail comme oubli, compensation, exutoire d'agressivité, régime disciplinaire... avant toute la valorisation dont il est l'objet.
Et de la part de qui d'ailleurs ?
2/5/24
Titre d'un beau livre de nouvelles de Sherwood Anderson : " La mort qui rôde".
Oui la mort rôde tout le temps et partout, cherchant ses proies au hasard de son humeur vagabonde.
3/5/24
Comment le "caractère" est un destin. Et comment il met tout en place pour que les choses arrivent comme elles doivent arriver.
Mais tu as compris : alors tu amendes le "caractère" et tu déjoues ainsi le destin.
4/5/24
Leibniz disait que nos jugements nous jugent. Mieux ils constituent aussi une façon indirecte de nous situer à nos yeux comme à ceux des autres.
Cependant leur individualité est moindre que leur dimension sociale, de classe.
5/5/24
"Quitte à paraître trop intellectuelle, la raison de l'angoisse fondamentale chez l'être humain dont l'esprit n'est pas totalement occupé par le mythe ou la religion est qu'il ne sait pas, n'a jamais su et peut-être ne saura jamais pour quoi il est là, il vit et il meurt... Et cette incompréhension radicale, tandis que tout en lui aspire au sens, produit une secrète et permanente inquiétude", me dit-il.
Le divertissement au sens pascalien est l'immédiate réponse à cette condition.
6/5/24
La faute finit par montrer qu'elle est une erreur. Mais en attendant elle cause des dégâts.
7/5/24
L'hésitation peut être le résultat d'un conflit inconscient entre une instance qui exige de nous que nous fassions quelque chose et un désir de ne rien faire. La ruse de ce désir pour parvenir à ses fins consiste en une hésitation interminable qui bien évidemment inhibe l'action.
8/5/24
Dans toute névrose il y a une restriction vitale. Mais toute restriction vitale n'est pas névrotique : par exemple on est pauvre, on n'a pas les moyens de vivre comme on l'aimerait. Ou bien l'on est contraint par l'habitus de sa classe sociale.
Le névrosé ne fait pas ce que ses aptitudes et moyens lui permettraient de faire ou il restreint sans profit ses désirs. Il vit en quelque sorte au rabais. La névrose, quelque forme prise par elle, ressemble à une flaque à côté du fleuve de la vie. Certes une flaque est tranquille - c'est un bénéfice secondaire de la névrose - mais elle est aussi croupissante. Et son croupissement est sourde agitation...
9/5/24
Interrogé, il me dit que pour lui, le contraire de la névrose n'est pas la normalité, qui est un indicateur relatif, peu fiable, mais une joie de vivre à quoi se mêle une ample gravité.
10/5/24
Ils cultivent la distance, le sage, le noble et l'humoriste...
11/5/24
N'est-ce pas dans l'amour romantique sans doute que la formule célèbre de Spinoza - l'homme n'aime que ses penchants, non ce vers quoi il penche - trouve sa plus éclatante illustration ?
Elle et lui veulent vivre le Grand Amour, bien au-delà d'une attirance physique passagère. Ils aiment cet émoi, cette ferveur et ce vertige. Ils aiment cet emportement qui chasse sur les rives la banale médiocrité du quotidien. Ils aimeraient tant, au-delà des limites de l'autre et des multiples déceptions, prolonger cette passion qui en destin trasmue leur existence.
12/5/24
Fixe la mort et tu seras seul.
Reste toujours avec les autres et tu ne penseras plus à la mort.
13/5/24
Il suffit qu'une opinion soit exprimée pour que le nuancier des opinions divergentes s'ouvre comme un grand éventail....
14/5/24
Les ruses de l'inconscient sont toujours dignes d'admiration... Comment un désir, par moult déguisements, détours et faux-semblants, arrive à ses fins, voilà qui devrait nous inspirer pour d'autres domaines.
15/5/24
Soit ils sont rivés à une tâche spécialisée, soit ils se distraient : c'est encore le vécu et la condition majoritaires de nos semblables.
Grosse différence avec les artistes, en qui, chez qui ça bouillonne tout le temps.
16/5/24
Tu l'entends ce rapide et léger chuintement ?
C'est tout simplement le bruit de la vie qui passe...
17/5/24
Il s'énerve et me dit qu'il n'aime pas plus la majorité, silencieuse et normative, que les minorités et leur besoin de se ressembler et rassembler pour être plus fortes.
Il me dit qu'individualiste forcené, il découvre paradoxalement dans cette solitude ce qu'il y a de plus authentique dans l'humain global...
En l'entendant parler, il me revient le titre d'un livre : Seul comme Franz Kafka.
18/5/24
Le philosophe, sceptique, déconstruisant, ironique par rapport aux adhésions collectives, contestant même ce qu'il croit, et avec sa démarche inchoative largement distancé par le sprint du fanatique et la course de fond de l'homme ordinaire...
19/5/24
Messages d'amour des religions versus pratiques de haine des croyants.
C'est aussi qu'elles n'ont pas le moindre doute, chacune, d'être la meilleure...
20/5/24
La philosophie des dominants pas plus défendable que celle des dominés. Penser à partir d'un lieu utopique hors classe ?
21/5/24
L'ami du temps c'est celui qui ne fait rien... Et qui, bien entendu, ne le tue pas !
22/5/24
Quand son vieux père se confie à elle, c'est angoisse, déclin, maladies, souffrances erratiques et horizon de la mort... Ah heureusement qu'il écoute de la musique et lit beaucoup, me dit-elle en soupirant, heureusement...
23/5/24
Tout ce que tu écris dessus finit par être brouillé tôt ou tard et ne servir à rien... C'est la feuille de l'absurde.
24/5/24
Il s'était trop défini par son travail intéressant, son rôle social et la reconnaissance qu'il en recevait, et puis un jour ce travail s'est arrêté. Alors il a eu le sentiment de n'être plus rien...
C'est le piège des rares travaux qui ont du sens : sitôt perdus, nous voilà replongés dans l'absurde de l'existence !
25/5/24
Tu ne sais même pas ce que tu veux... Juste la célébrité finalement. Aurais-tu vraiment revêtu comme des habits de lumière tous ces destins prestigieux ? Mais ces oripeaux de théâtre t'ont peut-être empêché de vivre simplement ta vie.
Un parmi des millions d'autres était ta hantise, et sortir de l'obscurité ton obsession. Mais ne comprends-tu pas que tu obéis sans le savoir à la logique de la société du spectacle, aux mystifications du monde bourgeois ? Les médias entretiennent consciencieusement la mythologie de la célébrité. Bon, comme tant d'autres tu es un produit de l'idéologie dominante.
La célébrité, la réussite et la richesse. Tout le système capitaliste nous y fait converger...
Mais s'il y a une seule différence véritable entre les êtres, c'est le génie créateur ou l'esprit d'aventure...
26/5/24
La masse obscure et opaque des inconnus, des invisibles. C'est la fosse commune...
Et tu crois y avoir échappé par ton somptueux tombeau en marbre !
27/5/24
Il prétend que les gens sont envieux parce qu'ils ne savent pas se contenter et préfèrent croire que le bonheur est chez les autres plutôt que rare.
28/5/24
Jusqu'à quel point vous fûtes déterminé par votre classe sociale, cela vous a échappé.
Il n'est pas anodin que les problèmes personnels soient autant psychologisés. On fait comme si nos attentes et espérances, nos attitudes et conduites relevaient seulement d'histoires familiales... Ce qui ne serait pas faux si l'on intégrait les familles dans le contexte plus large des classes sociales qui pèse sur le système de valeurs et les stratégies globales des familles.
Certaines individualités transcendent la condition que leur réserve leur classe. Mais ce sont des exceptions et il est trompeur de se focaliser sur leur cas.
29/5/24
Le marasme comme champ figé de forces antagonistes... Faire quelque chose qui déstabilise ce champ.
30/5/24
Elle me dit : c'est simple, la vie, il n'y a pas que sa sauvegarde car plus tu en répands et plus tu en as !
31/5/24
L'attention, reine des facultés, par quoi l'on guérit en la développant...