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Mars 2022

1/3/22

            Quelle trace laissent les plaisirs ? Juste celle qui donne envie d’y revenir.

 

 

3/3/22

            Jamais le grand poète sétois n’arrêta de négocier avec la mort, la convoquant dans ses chansons, lui rendant divers hommages, la déguisant, jouant et blaguant avec elle, essayant par tous les moyens possibles et jusqu’au bout de l’humaniser. En vain.

            Elle l’emporta sans ménagements, avec son sérieux légendaire et son sourire glacé.

 

 

5/3/22

            Ils se présentent chaque fois comme des victimes offensées ou des protecteurs de minorités, ou encore d’une manière ou d’une autre comme vecteurs de civilisation. Ils brandissent leur bon droit comme un étendard, et puis envahissent un, plusieurs pays.

            N’en doutez pas, ce sont les éternels barbares !

 

 

7/3/22

            « Arrivée la guerre, le diable agrandit son enfer », dit un proverbe espagnol.

            À partir de quelle autre expérience effroyable, les représentations imaginaires de l’enfer ont-elles pu être fabriquées ?

 

 

9/3/22

            La fosse commune des illusions en cendres.

 

 

11/3/22

            Dans un bon texte littéraire, on décèle au moins trois niveaux : d’abord l’histoire intéressante qui se raconte, ensuite la fable, le mythe, la parabole qui se mettent en place derrière, et enfin la voix, la poésie, la musique qui se jouent secrètement.

 

13/3/22

            Pour certains névrosés le malheur collectif reste une bénédiction inavouable... Leur misère psychologique personnelle se noie dans la commune détresse, alors qu’auparavant elle contrastait avec la satisfaction moyenne, et du coup s’imposait d’autant plus à eux. Et puis les situations négatives prenantes font qu’ils ne peuvent plus trop s’intéresser à leur ego. Or la diminution de l’egocentrisme maladif accompagne toujours une amorce de guérison.

 

 

14/3/22

            Ils sentent confusément qu’ils sont mystifiés, se font avoir, mais ils ne savent pas exactement de quelle façon et à quel niveau, parce qu’ils n’ont pas la vue panoramique du système. Cette situation les rend très agressifs et, ne sachant pas précisément de qui, de quoi il faut se méfier et sans jamais apercevoir comment leur opinion est manipulée, ils croient voir des complots où il n’y en pas. Ils sont toujours bernés, et en plus devenus paranoïaques.

 

 

15/3/22

            La situation connue, fréquente, romantique dans laquelle on aime des personnes qui ne nous aiment pas, et l’on est aimé par des personnes que l’on n’aime guère tient le plus souvent au fait qu’il s’agit d’images trompeuses... Mais les inconscients, eux, ne se trompent pas. Ils se ressentent et s’attirent pour fonctionner ensemble. On est peut-être loin alors de l’imagerie qui fait rêver, mais au moins peut-on être quasi-certain que si la personne que nous aimons (et qui ne nous aime pas) cédait, au final cela ne marcherait pas. Consolation ?

 

 

16/3/22

            Comme il est vaste le champ des possibles quand on est jeune, aisé, enthousiaste ! Bien des chemins peuvent librement s’ouvrir et les choses devenir extraordinaires. La vie entière est devenue un espace d’expérimentations gratuites. Au contraire, comme l’écrit Kierkegaard, « manquer de possible signifie que tout nous est devenu nécessité et banalité ».

 

 

17/3/22

            On aime ce que tu crées, mais toi tu ne l’aimes pas (simplement tu le fais bien)

            On n’aime pas ce que tu crées, mais toi tu l’aimes.

            On n’aime pas ce que tu crées, toi non plus (mais tu ne sais pas faire autre chose)

 

            Enfin, on aime ce que tu crées et toi aussi tu l’aimes…

            Au fond il n’y a qu’une seule catégorie d’artistes pleinement comblée !

19/3/22

            Quand l’étoile soleil s’éteindra, et même bien avant…

            La destinée de l’homme : le néant ?

          Apparition hasardeuse de la vie, complexification de l’animal humain, et tout ça pour rien ? L’eschatologie, une pure affaire théologique ?

            Mais le seul fait que l’esprit humain puisse s’expliquer le monde reste inexplicable. Cet inexplicable-là, si mystérieux, serait une lueur d’espoir…

 

 

21/3/22

            Remplacer les mots « bonheur » et « joie » par plénitude. Le premier est une plénitude stable, le second une plénitude qui se répand.

            Mais, répondra-t-on, le mélancolique (ou le passionné) est également plein de son mal !... Oui, mais cette bête qui est entrée en lui le ronge et crée du vide, du manque.

 

 

23/3/22

            Nous avons la réponse avant la question (le mythe). Donc pas de questions.

            Nous n’avons plus de réponse a priori. Alors questions, recherches (la science).

         Mais ces réponses apportées aux questions ne feront, elles, qu’ouvrir sur de nouvelles questions… En attendant l’équation finale, nous avons les croyances. Ces mythes au rabais.

 

 

25/3/22

            Ironique rappel de notre condition organique, un rhume, un simple rhume suffit à nous abrutir, nous rendre stupide et malheureux. Pascal disait déjà : « l’éternuement absorbe toutes les fonctions de l’âme (…) ».

 

 

27/3/22

            Esprit neuf de tous les créateurs, s’étonnant du son, du mot, du jeu, de la couleur ou de la matière, inlassablement. Cet émerveillement précoce, durable, est sans doute le même que celui présidant à la révélation de l’objet fétiche dans l’érotisme.

 

 

29/3/22

            Ce n’était pas encore clair dans sa tête, mais au fond ça revenait à cette phrase : « Si j’ai tous ces livres à lire, hein, c’est donc que je vais vivre encore de nombreuses années ?! ».

 

 

31/3/22

            Je l’ai aimée, je ne le savais pas, j’ai joué avec elle qui m’aimait aussi et le savait, elle. Alors elle ne m’a plus aimé et m’a quitté. Et c’est lorsqu'elle m’a quitté que j’ai vraiment compris que je l’aimais… Cette histoire bien connue nous interroge sur la méconnaissance fréquente de nos sentiments profonds.

            C’est que d’autres sentiments occupent alors le devant de la scène, par exemple l’orgueil ou la vanité.

            Mais alors peut-être qu’elle… Les sentiments profonds qui l’habitaient - dissimulés par l’amour qu’elle me portait - étaient... l’orgueil, la vanité ! Et qu’elle n’a pas supporté mes petits jeux qui vexaient son amour-propre ! Nous nous sommes donc… croisés. Quel marivaudage finalement !

 

 

 

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