Novembre 2019

1/11/19

Fête des morts. Les vivants, en général condescendants à l'égard des morts. Ils vont dans les cimetières comme s'ils allaient rendre poliment visite à des parents lointains et inintéressants...

Mais, bande de nuls, les morts sont bien plus nombreux que vous ! Et patiemment ils attendent, avec ce sourire fameux et irrésistible, que vous veniez les rejoindre pour l'éternité...

 

3/11/19

Parfois les brocantes, il les fuit parce que trop de mélancolie !

Tous ces objets, bibelots... Il suffit de prêter une oreille imaginative : que de chuchotements, de confidences sur les personnes avec qui longtemps ils ont cohabité ! Que de drames auxquels ils ont silencieusement assisté !

Et puis un jour, paf, la vieille est morte et il a fallu tout bazarder... Et les bibelots se sont retrouvés tout craintifs dans des caisses, sans savoir chez qui ils allaient atterrir, espérant continuer sans bris et fracas leur destinée de témoins mutiques. Et les voilà dehors, entassés et gelés, tout tristes des histoires qu'ils recèlent et qu'on ne sait pas écouter...

 

5/11/19

Non, franchement, tu t'étonnes d'être seul(e) alors que tu ne laisses pas la moindre place à l'autre par ton monologue autocentré, par ton absence totale d'intérêt minimum et de simple considération à son égard ?... Tu t'étonnes que les gens ne te courent pas après, vraiment ? 

Mais quel genre de buvard immense pourrait continuellement absorber ta narcissique logorrhée ?

Tu te crois peut-être artiste parce que tu répands ton ego ?...

Mais ne sais-tu pas que les artistes ont justement renoncé à leur moi particulier pour justement pouvoir s'adresser à tout un chacun, à l'humain en nous ? Ne sais-tu pas également que les artistes ne sont pas ennuyeux ? Ignores-tu enfin qu'ils séduisent, enchantent, fascinent, parce qu'ils aiment bien plus la vie que leur petite personne ?!

 

7/11/19

La vie est-elle une exception dans l'univers, et l'humain une singularité unique, sans avenir ? Qu'est-ce que nous faisons sur terre ? Quelle est la destinée de l'espèce humaine ? Et qu'est-ce qu'une vie d'homme sinon un éclair imperceptible dans l'éternité ?

Pourquoi pouvons-nous nous poser des questions auxquelles nous n'avons pas les moyens de répondre ? 

La majorité d'entre nous cherche des réponses dans les religions ou dans les idéologies ou dans les dogmes de quelques gurus. Quant aux autres, ils fuient ces questions en se divertissant de mille manières, de la sociabilité creuse aux spectacles en passant par des querelles intestines.

Il y a une énorme probabilité pour que nous disparaissions à jamais sans avoir le fin mot de l'histoire et la réponse à toutes ces questions, qui peuvent sans doute se résumer à deux :

Pourquoi y a-t-il de l'être plutôt que rien ?  Pourquoi cet être dès l'origine est-il investi par le néant ?

 

9/11/19

Au fond, y a-t-il tout d'un être, voire de l'humain, en une seule journée racontée dans le moindre détail; dans les actes, pensées, situations d'une seule journée ? Joyce, Woolf, Soljenitsyne, etc. ont tenté l'aventure littéraire du récit par le menu d'une journée unique. L'un des plus beaux hommages à la vie, qui s'enfuit, à la présence, qui fait défaut, au respect du détail, méprisé... Cependant il s'agit chaque fois d'un être singulier, pris dans son époque et sa culture, qui ne représente pas la variété immense de l'humain. Quel rapport entre Ivan Denissovitch et Mrs Dalloway ? Le seul point commun serait la démarche artistique, voire existentielle, de l'écrivain... Il s'agit chaque fois de scruter, s'approcher avec un microscope de tous ces instants qui, additionnés, composent une journée.

Nous sommes en général prodigues avec le temps, comptant large en mois (les dernières vacances), voire en décennies (une liaison qui aurait duré de temps-là), jusqu'au moment où l'on se rend compte que, du temps, il ne nous en reste plus beaucoup, et qu'une seule journée peut devenir très précieuse.

Alors nous nous avisons que, du mot "attention", dérivent deux adjectifs : "attentif" et "attentionné". Le premier témoigne d'une qualité intellectuelle, le second d'une attitude affective. Si nous faisons attention aux couleurs, nuances et variations d'une seule journée, nous manifestons de l'intérêt et de l'amour à ce qui est éphémère, comme une simple journée. De la même façon que les écrivains précités, et d'autres.

Mais, contrairement à eux, la plupart d'entre nous négligent l'éphémère (et sans doute lui en veulent secrètement de témoigner de la fugacité de l'existence) et son insignifiance apparente, préférant des blocs de temps "significatifs" (des périodes). Avons-nous seulement perçu un lien entre notre vécu de la temporalité et notre rapport à la banalité, à l'insignifiance ?

 

11/11/19

Une petite fatigue vous fait désirer un petit repos.

Mais attention, une immense fatigue, et qui dure, peut vous faire souhaiter un... éternel repos !

 

13/11/19

Trouver dans la fraîcheur de nos sensations dans les voyages, et la nouveauté, l'extraordinaire qu'ils nous offrent, comme une incitation à garder le même étonnement dans notre vie ordinaire.

 

15/11/19

Lorsque les catégories, fondements sur lesquels nous sommes assis basculent, chavirent, nous aspirons, comme un psychotique saisi d'une angoisse terrible, à les retrouver au plus vite.

Mais lorsque ces fondements spatio-temporels nous semblent inamovibles, il peut se produire que nous n'aspirions qu'à les bousculer au moyen de différents arts pour les uns, de drogues pour les autres ou encore de quelques pratiques vertigineuses pour certains audacieux.

 

17/11/19

Il peut se produire qu'un jour - à cause d'un détail ou sans que l'on sache vraiment pourquoi-, l'on perçoive quelqu'un de son entourage d'une toute autre façon. L'effet de surprise est tel qu'il donne l'impression d'un dévoilement, d'une révélation auxquels on aurait tendance à accorder une valeur de vérité.

Mais c'est juste une facette nouvelle qui s'ajoute aux autres, si nombreuses. Celle-ci était restée dans l'ombre, ou simplement réservée à d'autres...

 

19/11/19

Souffle le vent d'automne.

Un vieux papier

N'arrive pas à se poser...

 

21/11/19

Le mirage d'une vie riche, d'enfant gâté... Il n'y a au final que de brillants décors et emballages, des courbettes, des sourires de façade, et un ennui qui peu à peu s'immisce. Proust avait goûté à cette vie-là, mais pour lui, tout cela n'avait été que du temps perdu. Cependant on peut facilement s'y laisser prendre, parce qu'on a l'impression curieuse alors que les choses vous aiment.

 

23/11/19

Quel genre de femmes et d'hommes ça fait, dans ce pays limitrophe, une cuisine pareille ? Quelles digestions et quelles humeurs ? Peut-être même quelles pensées ?

 

25/11/19

Haïku urbain :

Dans le torrent continuel de la foule,

le piton piteux

d'un mendiant rivé au trottoir.

 

27/11/19

Les illuminations pour Noël dans cette ville de province, plus marquées, nombreuses, insistantes que dans la capitale... Qu'il soit dit clairement : la bonne ville est en fête ! Mais qui en a décidé ainsi ? Et de quelle fête s'agit-il ?

Le totémique, sacro-saint Commerce en a décidé ainsi, pour fêter en avance Noël ou les fêtes d'hiver (expression qui va convenir aux non-Chrétiens) ou de fin d'année. 

Les coeurs sont-ils illuminés ? Le pouvoir d'achat est-il vraiment illuminé ?... La "Fée Électricité" ne masque-t-elle pas notre noirceur collective ? Mais, plus profondément, ces illuminaions ne nous détournent-elles point efficacement de notre lumière intérieure ?   

 

29/11/19

Dans cette même ville, l'admirable décoratif dans le fer forgé des balcons : d'abord un hommage à la ligne courbe, ensuite un jeu entre la répétition et les différences, enfin une stylisation du végétal.

Une certaine modernité esthétique (Mies van der Rohe et le Bauhaus) a vomi le décoratif. Mais le décoratif ne sert à rien, le design hyperfonctionnel si... Question simple : n'est-ce pas la gratuité que nous aimons le plus dans l'art ?

 

  

   

 

 

 

 

    

            

 

 

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