Novembre 2018

1/11/18

La mort n'est pas seulement devant nous, elle est toujours à côté de nous, prête à nous emporter.

 

3/11/18

Le soleil dorait une partie des arbres entourant le bassin qu'en son milieu un jet d'eau blanchissait. Des nuances de vert tendre, de roux, de beige magnifiaient les arbres que le soleil avait choisis. Les formes sombres des statues de bronze, les noires silhouettes des rares promeneurs semblaient répondre au ciel incertain, entre gris clair et bleu pâle... Une autre journée d'automne allait finir, mais cette fois dans le grand parc, loin de la ville et pris dans la fraîcheur et le silence.

 

5/11/18

Le promeneur se demandait ce que voulait dire habiter le monde...

Il scruta longuement le ciel, regarda les teintes des nuages. Soudain, dans le grand arbre devant lui la tache vert vif d'une perruche fila en criant. Puis une odeur de feuillage qu'on a brûlé fut apportée par le vent aigre.

Le promeneur n'était pas ailleurs, il était juste là et à ce moment précis.

Ce n'est pas ça, habiter le monde ?


 

7/11/18

Le ciel gris et lourd comme un lavis d'encre noire qui ne sèche jamais.

 

9/11/18

Comment le souci entre le monde et soi vient s'interposer.

L'insouciant peut davantage habiter le monde. Seulement voilà, bien vite il s'occupe, et se prend au jeu. D'insouciant il devient affairé, n'habite plus le monde.

L'oisif insouciant pourrait bien, lui, s'occuper à simplement être... Seulement voilà il s'ennuie ! Mais au lieu de vivre complètement cet ennui, comme Marguerite Duras le propose, il s'en divertit ou bien cherche confusément de quoi se soucier. Alors, un jour, dans le souci, il se rend compte qu'il n'habite plus le monde.

 

11/11/18

Le vertige devant tous ceux qui sont morts, gamins encore, dans la mitraille, sous les obus, gazés. Des paysans, des ouvriers, des braves types, de jeunes innocents qui n'avaient même pas eu le temps d'aimer pour certains ! Morts par milliers, par millions... Le vertige, parce qu'on ne peut pas embrasser par le coeur cette tragédie. Il ne reste que les chiffres, les chiffres qui ne veulent rien dire.

 

13/11/18

Comme tout, à une certaine hauteur, dans une ample perspective, semble dérisoire !

Le sens ne tient que si l'on adhère à quelque chose, mais dès qu'on s'en éloigne, ce sens-là paraît bien limité, partiel. Et si l'on s'en éloigne davantage, ce quelque chose d'apparemment significatif se perd dans le dérisoire. Et si l'on s'en éloigne encore plus, on ne le perçoit plus du tout ce machin qui avait du sens, mais juste un ensemble se mouvant dans toutes les directions et complètement absurde.

 

15/11/18

Malcolm de Chazal : "Le bleu est le summum du propre. Après une longue contemplation d'un ciel d'azur, nous avons l'oeil lavé et bouchonné. Après son bain, l'homme a des regards bleus".

Le gris serait-il l'expression du sale ? Après une longue journée de grisailles, il semble qu'on ait le regard pollué, sali comme par une cataracte.

 

17/11/18

Qu'est-ce qui ne distrait pas ? Le travail n'est-il pas à sa façon une autre forme de distraction ?

De quoi au fond cherchons-nous à nous distraire ? N'est-ce pas de notre condition d'"être pour la mort" ?... Les animaux, qui ne savent pas qu'ils sont voués à disparaître, jouent parfois pour dépenser leur surplus d'énergie, mais ils ne se distraient pas, ils n'en ont pas besoin.

Mais, dans les sociétés traditionnelles, les "primitifs" ne se distraient pas trop non plus à proprement parler, car leur vie est prise en charge par les rites, le groupe et les mythes. Pour que les hommes s'affairent et se distraient sans cesse, il a fallu créer du vide en eux par la démystification, l'individualisation, jusqu'à ce que le sentiment de la finitude, du néant les habite. Et qu'ils n'aient plus alors que la rage unique d'échapper, par le divertissement au sens pascalien du terme, par la distraction, à ce sentiment insupportable.

 

19/11/18

Idée que l'injustice, l'inégalité croissante des conditions, enlaidit tout insidieusement, que les plus grandes beautés pâtissent de cette grave dysharmonie sociale.

Mais ceux qui maintiennent fermement la séparation éthique/esthétique contestent cette idée. Il existe d'éblouissantes beautés là même où règnent de terribles misères.

 

21/11/18

Il ne croyait pas à cette journée, il n'y croyait pas.

Combien de gens se lèvent le matin sans croire à la journée qui vient, songeant vaguement qu'elle serait une journée comme les autres, parmi les autres et que rien ne la singulariserait ?... Mais comment croire un instant qu'il puisse, sauf accident, se passer vraiment quelque chose ce jour-là quand d'emblée on ne croit pas à sa journée ?

 

23/11/18

La pensée : on va mourir. On peut se propulser dans le futur et le passé.

Le vécu : on est éternellement présent.

 

25/11/18

Pourquoi ne pas imaginer que Mère Nature rejette, détruise son fils le plus ingrat, arrogant, mégalomane et dévastateur ? Pourquoi lui prêter une patience infinie ?

 

27/11/18

Le promeneur regarde lentement défiler devant ses yeux tournés vers le sol toutes ces nuances de beige, de gris et d'orange pâle encloses dans les pavés humides. Une subtile variation de couleurs humbles plus satisfaisante que maintes expositions de peintures...

 

29/11/18

Les morts ne répondant jamais à nos appels, à nos questions, on finit par s'en lasser et par les oublier.

La seule pratique qui les maintienne en vie : la mediumnité... 

   

 

   

 

 

 

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