Première saisie.
Il est passionnant de considérer l'oeuvre d'art comme un champ de forces.
Nous évitons ainsi l'entrée automatique dans la sémiologie, la sémiotique, et les laborieuses traductions de l'oeuvre en tant que parole cachée de l'inconscient, symbole/symptôme, ou bien expression déguisée d'une situation de classe, et encore l'entrée de l'oeuvre comme objet de culture, prise dans sa niche socio-esthético-historique.
Les éléments utilisés par l'artistes (sons, couleurs, mots), il les fait jouer comme des forces qui jouent ou s'opposent entre elles, qui créent des tensions, voire des tourbillons. L'artiste peut vouloir dompter, équilibrer ces forces (c'est en général toute forme de classicisme), les donner à sentir dans leur opposition (romantisme), les exacerber jusqu'à la violence (expressionnisme), mais il a bien d'autres ressources que celles-ci.
Avant d'interpréter, commenter l'oeuvre, tenter de la ressentir comme un espace où se jouent des intensités. Beaucoup alors est déjà saisi à ce niveau, antéprédicatif, infralinguistique.